Les Peuples Autochtones et les Communautés Locales lancent la Déclaration sur la Démocratie Radical, l’Autonomie et l’Autodétermination

Alternatiben Ehun Globala (TGA/GTA)

La Déclaration sur la Démocratie Radical, l’Autonomie et l’Autodétermination, issue d’une convergence mondiale tenue en février 2025 à Port Edward, en Afrique du Sud, a été lancée lors d’une session virtuelle le 10 juin. L’événement était organisé par la Global Tapestry of Alternatives (GTA), l’Academy of Democratic Modernity , WoMIN, l’Académie de Jineologie et le Comité de Crise d’ Amadiba

Cette déclaration historique, représentant la volonté collective de communautés autochtones, d’organisations de base et de mouvements sociaux de diverses régions du monde, constitue une étape importante vers la redéfinition de la gouvernance dans le monde actuel. La déclaration a été élaborée par 44 participants de 20 pays et 34 communautés. Pendant cinq jours de délibérations, les participants ont partagé leurs luttes, tenu des dialogues critiques et développé une vision commune de la résistance au capitalisme, au patriarcat et au colonialisme.

Moments clés du lancement:

Lors du lancement, Ashish Kothari de la GTA, et l’un des facilitateurs de la rencontre, a résumé l’essence de la déclaration : «La Déclaration appelle à la reconquête des territoires et à l’autogouvernance, enracinées dans les savoirs et pratiques autochtones, pour défier la trajectoire destructrice du ‘développement’ imposée par les États-nations et les entreprises capitalistes. C’est une déclaration collective d’intention pour démanteler les systèmes injustes auxquels nous sommes confrontés.»

Plusieurs voix importantes ont pris part à la session, dont Nonhle Mbuthuma, porte-parole du Comité de Crise d’Amadiba en Afrique du Sud, qui a partagé la résistance de sa communauté face aux intérêts miniers. Elle a déclaré avec passion : «La terre est l’âme de notre peuple. Nous ne laisserons pas les profits la détruire. Nous continuerons à lutter, non seulement pour notre avenir, mais pour celui du monde entier.»

Doe Doh, membre du Réseau Karen pour l’Action Sociale et Environnementale (KESAN) en Birmanie-Myanmar, a évoqué les 70 dernières années de guerre civile et de déplacements : «Nous avons pris l’initiative audacieuse de créer deux parcs autochtones pour exercer notre autonomie, pratiquer la démocratie directe et exiger la reconnaissance effective et une démocratie fédérale.»

Şervîn Nudem, de l’Académie de Jinéologie au Rojava (nord-est de la Syrie), a affirmé que la libération des femmes ne pouvait pas être reportée après la Révolution. Dans le contexte de la société kurde, l’organisation des femmes a été le socle des transformations démocratiques radicales dans la lutte contre le patriarcat, le colonialisme, le capitalisme et le pouvoir étatique.

Alim Bandara, du Conseil des Chefs Timuay pour la Justice et la Gouvernance aux Philippines, a déclaré que la déclaration reflétait 30 années de résistance et d’autonomie, en espérant qu’elle «devienne un mouvement unissant les différentes communautés pratiquant la démocratie radicale et l’autogouvernance, et qu’elle contribue à façonner un nouvel ordre mondial à partir d’expériences, de pratiques et de luttes variées dans le monde entier.

» Ildefonso Sánchez, membre du conseil supérieur du gouvernement du peuple autochtone de Cherán (Mexique), a souligné l’importance de la terre dans la lutte pour l’autonomie : «Notre terre n’est pas une marchandise. Elle est notre vie, notre culture, notre héritage. Nous l’avons défendue pendant des générations, et nous continuerons à résister à toute force qui cherche à nous la prendre.»

Edgar Alberto Velasco Tumiña, secrétaire général du Mouvement des Autorités Autochtones du Sud-Ouest (AISO) en Colombie, a quant à lui déclaré : «Le développement ne doit pas se faire au détriment de notre terre et de notre culture. Nous avons besoin d’une véritable autonomie pour décider de notre avenir.»

La Déclaration appelle à :

  •  La reconquête et la protection des territoires : affirmer le lien entre la terre, la culture et l’identité, et le droit des peuples autochtones à gouverner leurs territoires ancestraux.
  • La résistance à l’exploitation capitaliste et néocoloniale : rejeter les modèles de développement centrés sur le profit aux dépens des personnes et de l’environnement.
  • Une démocratie radicale : aller au-delà des systèmes électoraux libéraux et des États-nations vers l’autodétermination et la gouvernance directe menée par les communautés.
  • La justice environnementale : faire face à la dégradation écologique et au changement climatique en privilégiant la durabilité, la protection de la nature et la reconstruction de nos liens avec toute forme de vie.
  • La solidarité mondiale : construire des alliances interrégionales unissant les luttes contre l’autoritarisme, le pouvoir des entreprises et les héritages coloniaux.

Pendant la session, les participant·e·s ont également échangé sur les moyens de renforcer la solidarité mondiale.

L’événement s’est clôturé par l’intervention de Vasna Ramasar, de la GTA, qui a souligné l’importance d’un dialogue inclusif et de l’apprentissage mutuel pour assurer le succès de la Déclaration. Elle a insisté : « Cette déclaration n’est qu’un début. Nous devons maintenant faire en sorte qu’elle atteigne tous les coins du monde, en créant des espaces de collaboration et de solidarité continues. »

La déclaration est accessible et peut être signée en espagnol, en français et en anglais ici : https://globaltapestryofalternatives.org/events:radasd:declaration

L’enregistrement de la session est disponible ici :

https://globaltapestryofalternatives.org/events:radasd:launch

Pour plus d’informations, veuillez contacter: contact@globaltapestryofalternatives.org

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